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Retrouvez notre résumé des ‘Entretiens de Varsovie’
La cinquième édition des "Entretiens de Varsovie" a eu lieu la semaine dernière - les femmes sont entrées dans le XXIe siècle avec une force nouvelle, mais il y a encore beaucoup à faire.
Cette année, la Chambre de Commerce et d’Industrie France Pologne célèbre son 25ème anniversaire en Pologne. Cela coïncide avec le 100e anniversaire des relations diplomatiques franco-polonaises. « Actuellement, la CCIFP est l’une des chambres bilatérales les plus grandes et les plus dynamiques de Pologne et l’une des plus grandes chambres françaises au monde. » – Pierre Levy, Ambassadeur de France en Pologne, a souligné dans son discours d’ouverture de la conférence. L’invité d’honneur, Jadwiga Emilewicz, ministre de l’Entreprenariat et des Technologies, ainsi que Jean-François Fallacher, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Pologne, ont souligné que le thème des « Entretiens de Varsovie » de cette année n’est pas un hasard et reflète les tendances sociales, politiques et les évolutions de la conscience des hommes d’affaires. Dans son intervention, Luc Ferry, philosophe français, a dit : « Les femmes ont fait plus en 50 ans qu’en 5000 ans. Cela signifie qu’elles sont entrées dans le XXIe siècle avec une forte motivation et qu’elles se battent pour leur place légitime dans la société. Cela ne veut pas dire que tout ce qui aurait pu être fait en matière d’égalité l’a déjà été . »
Parité – oui ou non
Au cours des interventions et des débats, le sujet de la parité et des quotas a été abordé. La discussion sur l’introduction d’une telle solution dure depuis des années. Les experts qui ont participé à la conférence étaient divisés en deux camps. La ministre Emilewicz estime que l’introduction de quotas dans les entreprises ou dans les institutions publiques n’est pas nécessaire. « Nous n’avons pas besoin de quotas parce que nous sommes aussi bien éduquées que les hommes. » Cette thèse est soutenue par le philosophe français Luc Ferry, qui considère que les quotas sont nuisibles et imposent des choix, non pas sur la base de la compétence, mais sur la base du droit imposé. Privilégier les femmes, à son avis, uniquement en raison de leur sexe reste en contradiction avec la Déclaration des droits de l’homme, qui décrit la protection des femmes en tant qu’êtres humains et non en raison de leurs qualités féminines. Pour Magdalena Środa, éthicienne, philosophe, publiciste et cofondatrice du Congrès des femmes – c’est l’inverse. Selon le professeur Środa, les recherches indiquent que la seule différence entre les femmes et les hommes est le sexe. Le reste des différences et des perceptions du monde résultent de modèles éducatifs traditionnels profondément enracinés. Souvent, l’éducation des enfants est fondée sur la reproduction de stéréotypes selon lesquels ce qui est masculin est universel et respectable, et ce qui est féminin est trivial et fragile. Le fait que ces croyances soient enracinées dans les générations futures fait qu’une grande partie des femmes ne démontrent pas leur présence dans les instances dirigeantes. Par conséquent, selon Magdalena Środa, l’introduction temporaire de quotas est nécessaire pour donner à la société le temps de sensibiliser les générations futures à l’égalité et à la tolérance.
L’esprit d’entreprise au féminin
Tous les intervenants et participants aux débats ont convenu que les femmes apportent de nouvelles perspectives et une valeur ajoutée aux lieux où elles travaillent. Pendant la transformation du marché polonais après 1989, elles ont été le moteur du changement économique. Ce sont elles qui ont tout d’abord fondé des entreprises et utilisé de manière créative les nouvelles opportunités offertes par le capitalisme. Selon les données citées par la ministre Emilewicz, en Pologne, dès 2018, jusqu’à 26% des startups étaient dirigées par des femmes. Magdalena Kruszewska, Présidente du Directoire de Sanofi Polska, lors du premier des trois débats, a présenté les résultats d’autres études, qui prouvent que les entreprises employant au moins 50% de femmes dans l’équipe dirigeante obtiennent en moyenne 20% de meilleurs résultats.
Dans son discours, Emmanuelle Duez, fondatrice du Boson Project étant en même temps officière de la Marine Nationale, a souligné l’importance de la capacité des femmes à planifier à long terme, en particulier quand il s’agit des mères, et la conscience que pour être efficaces et survivre, les changements apportés doivent prendre en compte la responsabilité des générations futures. Zofia Bugajna-Kasdepke (membre du conseil d’administration de MSL pour le développement de l’entreprise au CEE), Olga Kozierowska (présidente de la fondation “Succès écrit au rouge à lèvre”) et Anne Magré (vice-présidente de E. Leclerc Warsaw Ursynów) ont toutes convenu qu’il existe un ensemble de caractéristiques déterminant le succès des femmes.
Selon les participantes du deuxième débat, les femmes qui réussissent se caractérisent par une intelligence émotionnelle plus élevée, une estime de soi et la confiance en leurs propres compétences. Elles savent comment penser à elles-mêmes, elles ont le courage d’inspirer les jeunes générations et de se débarrasser du sentiment de perte quand elles veulent partager leur temps entre le travail et la vie familiale – les choix faits ne leur causent aucun remords.
Soutien aux institutions de l’État
Comme l’a mentionné la ministre Emilewicz, le gouvernement polonais soutient le démarrage professionnel des femmes, et le programme 500+ et les changements introduits dans le congé parental ne sont que quelques-unes des solutions qui facilitent la conciliation de la vie professionnelle des femmes et des responsabilités familiales.
Ewa Flaszyńska, Directrice du Département du marché du travail au Ministère de la famille, du travail et de la politique sociale, a souligné que les fonctionnaires travaillant dans les institutions publiques pour l’activation professionnelle des femmes mettent en œuvre des programmes qui motivent les femmes à accepter un emploi, à lutter contre le phénomène de la “pauvreté héritée” et sont conscients que la réglementation introduite doit tenir compte, avant tout, des réalités des citoyens polonais modernes.
Justyna Glusman, directrice – coordinatrice du développement durable et de la verdure à la mairie de Varsovie, a souligné le rôle important des autorités locales dans le soutien aux mères qui souhaitent être réintégrer au marché du travail. Elle a souligné que la Pologne est consciente des différences existantes entre les pays de l’Union européenne. En Pologne, plus de 70% des femmes qui ont donné naissance à trois enfants ne retournent pas au travail. En France, la situation est bien meilleure, car les femmes françaises disposent d’une meilleure infrastructure d’accueil et d’un meilleur soutien social de l’Etat en termes d’éducation des enfants.
Les entreprises changent
Jowita Mytnik-Skala, Présidente du Directoire du Centre de Services Partagés du Groupe Veolia en Pologne et co-fondatrice de l’association ” Femmes-Leaders de Veolia “, ainsi que Bernadeta Mrożek, Directrice RH de Bouygues Immobiler Polska, voient les changements qui s’opèrent dans les entreprises auparavant dominées par les hommes. Les hommes eux-mêmes motivent de plus en plus souvent les femmes à atteindre de nouveaux sommets dans leur carrière professionnelle. Les grandes entreprises apprécient de plus en plus souvent les femmes-mères et construisent des programmes de soutien à leur retour au travail afin de ne pas perdre un employé précieux et expérimenté.
Alexandre Bompard, Président du Directoire de Carrefour, a confirmé dans son discours ces changements. L’entreprise qu’il dirige s’efforce d’augmenter le pourcentage d’emploi des femmes, et pas seulement dans les postes de niveau inférieur. « Nous ne pensons pas que ce que nous faisons est suffisant. Cela continuera d’être le cas jusqu’à ce que nous parvenions à un équilibre entre l’emploi des hommes et celui des femmes dans notre entreprise ». – a déclaré M. Bompard. Cette confession sincère témoigne de la thèse selon laquelle les hommes croient davantage aux femmes et soutiennent leur avancement professionnel.
Jérôme Chartier, fondateur des Entretiens de Royaumont, a été impressionné par la diversité des questions soulevées. Il a félicité le caractère substantiel de la discussion et a exprimé l’espoir que les questions discutées lors des “Entretiens de Varsovie” de cette année seront la motivation pour de nouvelles actions en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. « Le changement se poursuit et il reste encore beaucoup à faire. Il y a un conflit entre la civilisation qui soutient les femmes et leurs aspirations à réussir et la civilisation du traditionalisme ». – a-t-il ajouté à la fin de la conférence.